Parlons maintenant du plus grand pays d’Europe : la Russie.
Tout a commencé en 1987 lorsque le responsable de la fédé de rugby, Edgard Tatourian, s’est épris de Foot US. Il contacte illico un entrepreneur américain fraîchement débarqué en URSS (Perestroïka oblige !) et fonde l’association des Ours de Moscou. Avec des équipements récupérés après un match amical contre les Berlin Adler en 1989 et la possibilité d’utiliser les locaux du centre sportif des armées soviétiques (CSKA), le club se lance dans l’aventure.
Une première Fédération va voir le jour en 1990 : l’URSSRAFL (URSS American Football League). En fait c’est plus une fédération de circonstance qu’une véritable institution sportive, soutenue par le ministère des sports. L’empire est au bord de l’éclatement et son pouvoir sportif aussi. Sur le territoire russe, seul une ou deux équipes moscovites arrivent à réunir des équipements pour jouer, le reste de la Russie joue au Flag (Leningrad, Kazan, Tashkent, Tchernovtsy,…).
Malheureusement, plutôt que d’aider son sport à se développer dans son pays, le seul club phare des Ours de Moscou va plutôt chercher la gloire en dehors de ses frontières par des matchs internationaux contre des équipes européennes. C’est comme cela qu’on les voit débouler en France en février 1990. Faut dire qu’une équipe arborant une faucille et un marteau sur un casque rouge et qui joue à un sport 100% américain, a de quoi étonner les foules. Ils seront plus de 11 358 spectateurs au Stadium de Toulouse, le 18 février, pour l’affrontement contre d’autres Ours (de Blagnac, ceux-là). Une défaite russe 37 à 0, mais un record de spectateurs toujours pas égalé en France pour un match en province. Le samedi 24 février, ils seront 2000 spectateurs à Aix-en-Provence pour les voir affronter les Argonautes. Défaite des russes 24 à 6. Ironie des temps, ils sont beaucoup moins ce même jour pour écouter le secrétaire général du PCF (Georges Marchais) en meeting à quelques kilomètres de là prés de Marseille.
Malgré tout, la fragile fédération de l’URSS met en place un tournoi d’hivers en février 1991 (le Snow Bowl). Celui-ci est le préambule du premier championnat de l’URSS qui se tient au printemps avec 3 équipes russes, 2 ukrainiennes et 1 biélorusse. Et victoire des Ours de Moscou.
Après l'effondrement de l'Union soviétique, l’URSSAFL est rebaptisée Société Eurasienne de Football Américain.
De 1991 à 1995 un championnat de la CEI vient remplacer celui de l’ex-URSS. Y participent à ses débuts 6 équipes : Ours de Moscou, Giants de Moscou, Aigles de Moscou, Bisons de Minsk (Biélorussie), Atlantes de Kharkiv et Scythes de Donetsk (Ukraine).
Les champions sont :
1991 : Aigles de Moscou
1992, 1993, 1994 : Bisons de Minsk
1995 : Scythes de Donetsk
En parallèle, la Russie tente de lancer un championnat national. En 1992, se tient la première édition avec 5 équipes : Ours de Moscou, Demons de Moscou, Saint-Pétersbourg 90, Devils de Sibérie et Ours de Sibérie. Sans surprise, les Ours de Moscou raflent la mise.
Mais voilà, l’instabilité politique et économique plombe le pays. En 1994, les Ours se retrouvent sans adversaires et le championnat russe disparaît corps et âme. Disons que c’est l’effondrement du foot us en Russie. Seuls survivent des tournois ici et là, notamment en catégorie jeune.
Il faudra attendre 4 ans pour voir refleurir deux fédérations qui vont coordonner leurs efforts afin de faire renaître ce sport. La DLAF, une fédération tournée vers les jeunes et la MFAF (Moscou Fédération American Football), une ligue moscovite.
La reconnaissance par l’EFAF arrive en 1999. Dans la foulée, l’équipe des Ours de Moscou en profite pour s’inscrire en Eurobowl. Pendant 5 ans le club avait continué à survivre dans ce chaos avec notamment des rencontres, lors de tournois, contre des équipes ukrainiennes et biélorusses.
Le travail au niveau des équipes de jeunes paye rapidement. Et pour la première fois l’équipe de Russie junior participe au championnat d’Europe en 1998. En 2000, elle est finaliste et ne perd que de 19 points face aux allemands. En 2002, elle est à deux doigts de gagner le titre européen toujours face à l’Allemagne (20 à 26).
Pourtant même si le foot us renaît de ses cendres chez les jeunes, on ne peut pas en dire autant chez les seniors. Pour une raison toute simple, il n’y a toujours pas de championnat national digne de ce nom pour attirer les sponsors et les joueurs. En 10 ans, seules les équipes moscovites ont réussi à se structurer autour d’une fédération locale stable et organisée, délaissant totalement le reste du pays (le plus vaste d’Europe pour ne rien arranger). En l’absence d’une fédération puissante, les clubs du pays (une 50 aines environ) doivent se débrouiller pour survivre en s’organisant des championnats.
Mais les choses sont en train de changer. Une ville est en train de bouleverser le fonctionnement du pays : Saint Petersbourg (surnommée la capitale du Nord). La Russie qui ne connaissait que le pouvoir centralisateur et la richesse de Moscou doit maintenant composer avec une ville en pleine expansion. Idem pour le foot us. On ne connaissait que les Ours de Moscou et les Patriots, voici venus les Griffons de Saint-Pétersbourg mais surtout les derniers-nés : les Lions de la Neva (le fleuve de la ville). L’arrivée, tant annoncé, d’un véritable championnat national avec des équipes solides et capables de tenir la route face aux équipes de Moscou est sûrement pour très bientôt.